«Nous sommes un forum, un lieu où l’on échange, s’écoute et s’exprime», précise le Hollandais Peter Annegarn, président du FEL. Et les discussions sont animées quand se retrouvent des laïcs de tout le continent, du Portugal à la Biélorussie en passant par la Suisse – avec la CRAL, dont le secrétaire, Melchior Kanyamibwa, assure cette fonction au niveau européen -, l’Allemagne, la Suède, l’Irlande, la Pologne, la Slovaquie et la Roumanie. Le FEL rassemble dix-neuf comités nationaux ou Conseils de laïcs catholiques reconnus par les conférences épiscopales. Au cœur des échanges, le thème de l’assemblée d’étude de Dublin, du 23 -26 juin 2016: «Ecouter et apprendre pour développer notre vocation de laïc en famille, dans l’Eglise et la société».
Heureuse complémentarité
Pour ses membres, il s’agit de promouvoir la vocation des chrétiens dans l’Eglise et la société et de faciliter l’échange d’expériences et d’informations sur des questions qui touchent l’Europe dans son ensemble. Le FEL collabore avec les évêques, les prêtres et les religieux au niveau du continent – «Nous sommes passés de la revendication à la complémentarité», précise Peter Annegarn – pour faire sienne la devise européenne, «l’unité dans la diversité».
Le pape François lui-même appelle l’Eglise à donner toute leur place aux laïcs dans une complémentarité bien comprise. Il a d’ailleurs interpellé les évêques suisses lors de leur visite ad limina à Rome en décembre 2014 en lien avec l’Initiative des paroisses, lancée en septembre 2012, principalement en Suisse alémanique. Les évêques ont répondu par une lettre pastorale sur la collaboration entre laïcs et clercs diffusée le 3 novembre. Les membres du FEL présents à Saint-Maurice ont interrogé à ce propos Erwin Tanner. Ce dernier a rappelé les circonstances de l’élaboration de ce document et précisé qu’il se contentait de rappeler des principes, notamment que l’homélie est réservée au prêtre.
Dieu dans le plus faible
Quelle mission pour les laïcs en Europe aujourd’hui? Pour Peter Annegarn, «nous laïcs devons évangéliser par notre comportement». Dans la ligne de François, «nous devons nous occuper des étrangers, des familles désunies, des pauvres. Chrétiens, nous avons un rôle à jouer dans l’accueil et la solidarité sans avoir peur de dire que ce qui nous anime, c’est l’Evangile».
Réunis à Cracovie du 26 au 28 juin, les présidents des comités nationaux du FEL ont visité le site d’Auschwitz-Birkenau. Ils ont pris position, dans une déclaration, sur l’afflux de réfugiés qui viennent frapper aux portes de l’Europe. «Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à cette tragédie» dont «nous sommes tous responsables», ont-ils affirmé; c’est «un défi que nous ne pouvons plus ignorer» en tant que chrétiens. «Tous ces réfugiés sont des êtres humains, nos frères et sœurs. (…) Avons-nous renoncé à notre propre humanité?»
Pour eux, «les mots ne suffisent pas, nous devons prendre des mesures» contre la violence et le racisme «dans nos propres communautés». Quant à l’Union européenne, elle «doit prendre ses responsabilités et faire plus pour aider les réfugiés, par exemple en mettant en place des structures d’accueil et en luttant contre l’exclusion. (…) Nous devons soutenir les réfugiés ici et dans leurs pays d’origine» et promouvoir la solidarité entre les pays d’Europe par où ils transitent.
Au programme aussi, la visite du trésor de l’abbaye, une messe à la basilique suivie d’un apéritif et une rencontre avec le comité suisse des laïcs composé de Raphaël Pfiffner, Corinne Maffezzoli Zaugg, Melchior Kanyamibwa et Mgr Markus Büchel, évêque de Saint-Gall. L’occasion de renforcer les liens et d’échanger sur les défis auxquels est confronté un continent qui doit faire face à un afflux de réfugiés inédit.
Encadré
Chrétiens en Europe
Le FEL est né lors du premier congrès européen des laïcs, à Copenhague en 1960. Depuis, il se réunit trois fois par an pour préparer et étudier des thèmes comme la construction d’une Europe plus humaine ou d’une Europe des valeurs, la solidarité chrétienne, la réconciliation, les racines spirituelles et éthiques de l’engagement chrétien dans la société, le multiculturalisme, la justice, la dignité humaine et l’avenir de la jeunesse.
Pour le FEL, «les laïcs chrétiens travaillent comme hommes et femmes d’Eglise au milieu du monde et comme hommes et femmes du monde dans l’Eglise», comme l’affirmaient les évêques latino-américains réunis à Puebla en 1979. Présents au milieu du monde, ils voient «le visage de Dieu dans chaque être humain – spécialement les plus faibles et les plus pauvres». Ils prennent soin de «tous nos frères humains, qu’ils soient proches ou lointains», en particulier «ceux dont la vie est menacée par la pauvreté, la marginalisation, l’exploitation et la violence». Pour eux, la famille est le «noyau fondamental de la société» et une Eglise en miniature. Ils s’engagent à «promouvoir et à répandre dans la société une culture chrétienne de solidarité et d’acceptation mutuelle, de respect et d’ouverture».
Dans l’Eglise, les laïcs partagent la responsabilité de la mission avec les clercs. Le FEL travaille pour une ouverture plus grande «à des laïcs rémunérés ou volontaires dans les services et les positions qui leur sont ouverts aux termes du Code de droit canonique». (apic/gdsc/mp)
Información extraída de: https://www.cath.ch/newsf/laics-europeens-reunis-a-st-maurice-une-solidarite-nourrie-de-levangile/